Territoire poétique

Tant qu’il y aura des déversoirs…

Le déversoir, un peu perdu sur les bords de Canche entre rivière et marais en ville basse de M sur m, fait partie de ces anciens bâtis qui régulaient le cours des eaux, en lien avec l’activité des moulins d’autrefois. J’aime ce lieu, il est inscrit dans la carte du Territoire poétique. Je le vois en métier à tisser, à tisser de l’eau. à tisser des mots.

Il a déjà inspiré les poèmes instantanés de Marilyse Leroux au cours de la Saison II du territoire poétique

Au cœur de ce travail d’attention au lieu, j’ai souhaité vous y donner rendez-vous pour y conter des histoires de jardin au son du bruit de l’eau.

Montreuil-sur-mer, côté jardins.

Cet endroit se colore merveilleusement aujourd’hui de la poésie d’Arthur Téboul qui vient de faire paraitre en mars dernier un recueil de poèmes sous le titre du Déversoir.

Cet après midi, j’ai pris le temps d’y installer mon banc parmi le cerfeuil sauvage , les pâquerettes et la consoude. Et j’ai enfin commencé la lecture de ce livre, en imaginant tout à fait avec lui « un bureau [en ces lieux] derrière lequel je serais assis(e) à longueur de journée. »

Je ne sais pas si tout le monde est poète, ni s’il suffit de se dire poète pour l’être vraiment, je sais encore moins si je le suis mais j’aime les mots qu’il écrit ici :

Pendant que je lisais ces lignes un monsieur et ses deux enfants, un garçon et une fille, s’étaient approchés de mon banc pour voir de plus près le déversoir. La petite fille tenait un magnifique bouquet de lilas. Ils s’étaient avancés doucement et semblaient craindre de me déranger. J’ai levé la tête de mon livre, les ai salués et j’ai complimenté la petite fille sur son joli bouquet mauve. Elle me remercia timidement, ils reprirent leur chemin et moi la lecture du Déversoir d’Arthur Téboul. J’eus à peine le temps de lire la phrase suivante que la petite fille, revenant vers moi, m’interrompait de nouveau en me tendant une branche de lilas : « voilà madame ce lilas c’est pour vous. » Et elle repartit aussi vite. J’ai eu juste le temps, toute émue, de lui sourire et de la remercier avant de me replonger dans ma lecture, troublée de lire à cet instant cette phrase qui semblait s’adresser à moi :

Oui tant qu’il y aura des déversoirs…

Isabelle Baudelet – la Fabrique Poétique 21 mai 2023

Arthur Teboul, Le Déversoir
EDITIONS SEGHERS (16/03/2023)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s