Salut à la brume des beaux jours
Henri Thomas, Emmanuel
Premier regard par la fenêtre : brume et froid glacé sur la Canche ce matin. Le soleil allait bientôt pointer. J’avais peu de temps pour saisir la brume volatile et mystérieuse. Mist et rieuse.
En quelques pas, je franchissais route, voie de chemin de fer, pont et me trouvais sur l’autre rive.
J’aime cet endroit ouvert à tous les passages : trains et rivière filant vers la mer.
L’appareil photo en bandoulière, j’approchais la brume qui s’élevait au dessus des eaux vigoureuses de la Canche. Elle semblait confectionnée de nuages et de laine. Par ce froid j’étais seule le long de la rive enchantée. Aussitôt des livres s’ouvraient en correspondance. Une phrase lue dans Passage des embellies de Jean Pierre Vidal me revenait alors que je serrais l’appareil photo de mes doigts glacés.
« Nous souhaitons pouvoir saisir ce qui nous échappe , comme l’eau »
Jean Pierre Vidal






« Autour des gares, dans la pluie et la brume, et le fleuve pas loin, qui est grossi d’une eau jaune, — il y a, il se passe, il s’est passé tant de choses, qui ne sont descriptibles qu’en se plaçant au commencement : élans vers une rencontre, cheminement vers une fenêtre éclairée, et elle s’éteint, cheminement inverse, — tous ces chemins faits et défaits vers une seule chose qu’il faudra bien que l’on devine dans tout ce que j’écris. »
Extrait de Reportage, Henri Thomas , préface de Jacques Reda, Fata Morgana 2020.

Isabelle Baudelet – La Fabrique Poétique – 30 janvier 2022