« Je viens de poser cette étoile par terre : c’est une pomme de texte,
je ne l’ai pas écrite de moi-même. J’ai écrit d’elles.
Elle rayonne de nous.
Puissé-je à jamais me rappeler comment l’écriture ne va pas de soi,
pousse dans la constellation que forment les femmes donnantes. »
Illa, Hélène Cixous

14 Novembre 2021, j’arrive sur les rives de la Ria d’Etel, dans le port d’attache(s) de Saint Cado, un voyage en rivière de laine et eaux tissées, et j’apprends la mort d’Etel Adnan, artiste, poète née à Beyrouth le 24 février 1925.
Arrivée à bon port au bord d’une rivière fleuve-petite mer, je me trouve immédiatement à la confluence d’une eau de mort et d’une eau de vie. Et voici aussi que reviennent les mots de Walter Benjamin « à chaque pas, une nouvelle constellation ».
Etel, prénom dérivé de Stella, Etoile.
En Breton : Stêr an Intel , ria (rivière) d’Etel. / A noter : Ster sans accent se traduit par étoile.
Alors en regardant l’échelle qui descend dans l’Etel, je me plonge dans les mots d’Etel, elle qui voulait avec ses leporellos créer un alphabet, un « fleuve de poésie. »
« En 1964, j’ai découvert ces carnets japonais qui se déplient en accordéon dans lesquels les peintres nippons accordaient dessins, textes et poèmes… J’en trouvais dans une boutique de San Francisco où les gens les achetaient pour faire leurs albums de famille. J’ai aussitôt imaginé que ce serait une excellente alternative au format carré ou rectangulaire de la page ; comme si vous écriviez la rivière elle-même »
Connaissance des Arts, article en ligne sur : https://www.connaissancedesarts.com/artistes/visites-atelier/exclusivite-dans-latelier-detel-adnan-entre-peinture-et-poesie-11129411/
«J’écrivais peu alors car j’étais dans un état de découverte permanente : tout un monde nouveau s’ouvrait jour après jour, y compris la découverte de la Nature en tant que force, que beauté obsédante, que rêverie éveillée. Conduire une voiture sur une autoroute américaine c’était comme écrire un poème avec son propre corps.» Ecrire dans une langue étrangère, Editions de l’Echoppe, 2014
« Ne pas voir de rivières, c’est une autre façon de mourir (…) Je ne sais quand j’ai écrit cela, mais c’est très vrai… Sans la mer, l’océan ou une rivière tout près, je suis comme une plante qui se meurt. »
Le prix que nous ne pouvons pas payer pour l’Amour, éditions Galerie Lelong


Nuit, éditions de L’Echoppe, 2017 – extraits en libre accès sur le site de l’éditeur : https://www.2021.editionsdelattente.com//wp-content/uploads/2017/11/9782362420719-1.pdf
15 novembre, tôt le matin : en pensant au « fleuve de poésie » d’Etel Adnan, je regarde les vitres de la maison de l’huitre sur la rivière-baie d’Etel. Elles s’illuminent doucement avec le lever du soleil.. Il prend soin, dans sa logique terre à terre, d’illuminer d’abord le reflet en mer, puis doucement, s’élevant progressivement, embrase les fenêtres de la maison de la B, Beth de la baie…



« Regarder la mer c’est devenir ce que l’on est ».
Etel Adnan

Merci Marilyse Leroux pour cette dédicace qui me touche. Etel Adnan nous réunit, femme artiste au prénom de rivière à la source de nos liens en poésie et amitié.
Merci Marilyse pour ce travail de tissage et de dialogue poétique avec Etel Adnan en instantané et en profondeur et qui rend tellement vivant.

Merci Isabelle. Encore un beau texte de vous, sensible, subtil et profond. Et la découverte pour moi de cette extraordinaire femme Etel Adnan. Bravo. Shisyu.
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Merci Beaucoup Sylvie de tes lectures et de tes retours qui donnent sens aux partages dans ce blog
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