Dans les marais de M sur m, tous les chemins ne peuvent encore être empruntés…mais nous offrent tout de même un voyage…

Hier, à travers l’enchevêtrement des branches parmi les eaux aux mille reflets, je vis un pavillon sur l’eau;

« Le temps était beau, aucun nuage ne voilait le ciel ; il ne faisait pas assez de vent pour agiter une feuille de tremble, pas une ride ne moirait la surface de l’étang, plus uni qu’un miroir. À peine si, dans ses jeux, quelque carpe faisant la cabriole venait y tracer un cercle bientôt évanoui ; les arbres de la rive s’y réfléchissaient si exactement que l’on hésitait entre l’image et la réalité ; on eût dit une forêt plantée la tête en bas et soudant ses racines aux racines d’une forêt identique, un bois qui se serait noyé pour un chagrin d’amour ; les poissons avaient l’air de nager dans le feuillage et les oiseaux de voler dans l’eau. Ju-Kiouan s’amusait à considérer cette transparence merveilleuse, lorsque, jetant les yeux sur la portion de l’étang qui avoisinait le mur de séparation, elle aperçut le reflet du pavillon opposé qui s’étendait jusque-là en glissant par-dessous l’arche…. »
Le pavillon sur l’eau, Théophile Gautier